Contre-notes de la mélancolie ordinaire |
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brèches fraîches nouvelles brèches fraîches -----
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autres contres-notes : | |||
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----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- nouvelles
contres-notes Toute
cette neige qui vient couvrir un rien... les contre-jours s’estompent.
Assis
à mon bureau. La fenêtre donne sur le jardinet qui fait deux mètres
de friche, puis un mur. Un
mur surmonté d’un haut grillage noir pour attraper les cris des
enfants. Humide, mais sans mousse ni lichens. De ce côté-ci, les
mauvaises herbes s’affaissent, points à points légers, tombés
lentement du ciel. Le grand rosier vacille. J’observe,
tantôt la neige qui tombe, tantôt, au compte-fil, quelques négatifs
frais, de gros grains gris d’argent, les ballons qui tapent. Tout
juste contre le mur encore noir, le fil à linge, blanc, prend
silencieusement de l’épaisseur. Je l’avais utilisé la veille, jour
de pluie froide, pour mes variations
sur un rien/mur et pince à linge : images traversées du plus
bel éclat de lumière pour une irressemblance.
Les
gouttelettes régulièrement suspendues, et tellement accrochées,
brisent parfaitement la ligne droite. L’ensemble est beau ou tellement lumineux, neuf et frais. Les deux pinces à linge
apportent leur touche de couleur pâle pour révéler un noir des plus
profonds, sans plus aucune
empreinte de soleil. Le mur rincé est devenu l’eau, pierre à pierre,
transparent à laisser voir le ciel blanc parmi ses frissons de fissures
plus sombres. Et, tout au fond, ou derrière, il y a le bitume illuminé
dans une flaque de neige. Le
rosier très maigre, très grand, m’avait servi d’étude botanique, de fleurs à moitié fleur sur fond de mur et de lézarde, de
reste d’automne dernier. Quelques
feuilles sont un peu rouges ; le mur est très gris et noir ;
le vert est sombre parfois, mais lumineux d’eau laissée par la pluie.
J’ai tenté d’écorcher le mur de sa peau noir, de gratter avec
l’oeil, jusqu’à la lumière, l’enduit cimenteux, carbonisé, et
craquelant. Aujourd’hui,
la fenêtre fait, comme une brèche fraîche, impalpable image,
impalpable décor, une réminiscence froide. Il n’y a pas de vent,
qu’un léger souffle frais. Le coeur bat, on l’entend. Comme on
entend battre le grain d’une image, le grain de neige, le grain
d’eau froid dans l’oeil, venu se coller à la vitre sur laquelle (et
non derrière laquelle) il regardait. Il
n’y a rien si le blanc n’est rien... puis des éclats de jour
passent, essuient les contre-jours sur la terre-neige et sur le bord de
la vue, Aux
extrêmes du champ de la vision, restent collées des marges de nuit, le
reste de ce qui habite le cerveau. Et
tout fut comme une preuve que rien n’est là, que tout est là. Chaque
image ne pouvait être que très brève, en sous-exposition, et présente,
et parmi d’autres, variée, multiple, déplacée, double, triple et
oubliée. hiver
2002.
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